Document de travail, Série Études et Recherche n° 126, juin 2013, publication de la Drees
Cette étude met en regard l’évolution de la pauvreté avec l’opinion des Français en matière de pauvreté sur les deux dernières décennies. On constate ainsi qu’en période d’augmentation de la pauvreté, les Français sont légèrement plus soucieux de la pauvreté, plus désireux de l’intervention de l’État et moins inquiets des effets désincitatifs des aides sociales sur l’emploi. À l’inverse, les Français sont moins « compatissants » envers les pauvres et moins enclins à demander des aides publiques lorsque la pauvreté recule.
Entre la crise de 1993 et celle de 2008, l’opinion semble s’être « durcie ». Le mouvement de compassion à l’égard des personnes qui vivent en situation de pauvreté est moins net qu’en 1993. Surtout, contrairement à ce qui s’est passé en 1993, l’opinion déclare moins souvent que les pouvoirs publics ne font pas assez pour les plus démunis. Depuis vingt ans, de nombreuses politiques sociales ont été menées pour lutter contre l’exclusion, des réformes de certains outils ont été entreprises, des revalorisations ont été mises en place. La population reste convaincue que des efforts doivent encore être déployés pour lutter contre l’exclusion, mais les attentes semblent moins fortes, comme si un certain fatalisme s’était installé.
Cela ne signifie pas que les politiques sociales sont jugées inutiles, voire perverses. Majoritairement – et encore plus en temps de crise –, nos concitoyens considèrent qu’elles sont nécessaires. La crainte des effets déresponsabilisants semble même aujourd’hui moins prégnante qu’en 1993. Plus encore aujourd’hui qu’il y a vingt ans, nos concitoyens sont bien conscients que les filets de la protection sociale permettent aux familles précaires de vivre dans un environnement économique instable. Mais les difficultés de chacun et la pression généralisée sur le pouvoir d’achat des ménages ont peut-être conduit à une certaine « fatigue de la compassion ».
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